Le commerce équitable descend dans la rue avec une "Fairpride" à Paris

La Quinzaine du commerce équitable, dont la 11e édition démarre samedi, innove cette année avec une "Fairpride" ou carnaval éthique et solidaire le 21 mai à Paris, pour sensibiliser les Français à cette forme de commerce qui promet une juste rémunération aux producteurs du sud.

Théâtre de rue, percussions africaines, spectacles de danses latines, dégustation de produits équitables, défilé de mode éthique, concert... les promoteurs veulent aller à la rencontre du plus grand nombre ().

"On s'est dit qu'il fallait faire un événement festif, qui puisse mobiliser des gens qui ne seraient pas mobilisés par des conférences ou des ateliers, où on aura tendance à toucher un public déjà concerné", explique Stéphane Le Borgne, président du réseau spécialisé Artisans du monde.

"C'est l'occasion de rappeler qu'il ne s'agit pas uniquement du commerce de quelques produits, mais de la volonté de faire changer les règles du commerce mondial", à travers ses actes de consommation, souligne-t-il.

La notoriété du commerce équitable est grande, puisque 98% des Français en ont entendu parler, mais la taille du marché reste modeste, à 303 millions d'euros en 2010, selon l'association Max Havelaar, qui appose son label sur 95% des produits vendus dans l'Hexagone et cite des chiffres de Kantar.

L'année dernière, la progression des ventes (café, thé, chocolat, coton...) s'est tassée à 5%.

"La crise économique ne nous a pas aidés", observe Christophe Roturier, directeur délégué de Max Havelaar France.

Chez Artisans du monde, "la consommation est stagnante voire en légère baisse. La crise économique est clairement là, les gens se concentrent pour certains sur du bas prix, un peu au mépris de la consommation responsable", indique M. Le Borgne.

"La flambée du coût des matières agricoles a effectivement un impact", ajoute-t-il. Mais il rappelle que "le commerce équitable, ce n'est pas qu'un prix, c'est des relations avec les producteurs dans la durée, la prise en compte de l'environnement, des conditions de travail dignes".

Contrairement à l'idée reçue, la flambée des matières premières ne profite pas au commerce équitable, mais génère au contraire une déstabilisation des filières, selon Max Havelaar.

Car certains acheteurs vont voir directement des petits producteurs pour leur acheter leur récolte avant que la coopérative avec laquelle ils travaillent n'ait la possibilité de les payer en l'attente de trésorerie. Ils la stockent pour la revendre quand les prix sont au plus haut, alimentant la spéculation.

Par ailleurs, les Français sont sollicités par plusieurs familles de consommation responsable, qui quelquefois se chevauchent: le bio, le commerce éthique (pas de travail des enfants...), ou encore le mouvement "locavore", qui privilégie les produits produits près du lieu de consommation.

Lors du démarrage de la Quinzaine samedi, les participants organiseront leurs traditionnels brunch solidaires. Les différentes initiatives sont recensées sur .

La Quinzaine est organisée par la Plate-forme pour le commerce équitable, qui réunit notamment des distributeurs spécialisés (Artisans du monde, Altermundi) des associations de certification (Max Havelaar, Ecocert), ou des importateurs (Ethicable, Alter Eco).

L'année dernière, un foyer français sur trois (8 millions) a acheté au moins un des 3.500 produits labellisés par Max Havelaar. A noter un bond de près de 40% de la consommation de café équitable dans les cafés, hôtels et restaurants ainsi que dans les machines automatiques. Les ventes de vêtements et accessoires en coton équitables ont, elles, grimpé de 29%.

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