mardi 31 mai 2011

Cosmétiques bio : vers une harmonisation des standards internationaux


Forts d'un marché mondial en pleine expansion, les industriels des cosmétiques « bio » et « naturels » travaillent à l'harmonisation de leurs référentiels de standardisation respectifs. Toutefois, si deux initiatives européennes ont vu le jour ces dernières années, le processus de normalisation internationale s'annonce long et fastidieux.

Les cosmétiques bio et naturels n'auront pas échappé à la frénésie de la labellisation. Cosmébio, Ecocert, Nature et Progrès, BDIH, Soil Association, Oasis, NaTrue... Toutes ces marques, labels ou certifications sont nés d'initiatives privées, en Europe ou aux États-Unis, où la réglementation en matière de cosmétiques bio et naturels fait encore défaut. Hormis Nature et Progrès et Soil Association, fondés dans les années soixante-dix, la plupart de ces standards sont apparus au cours des dix dernières années, sous l'impulsion d'industriels désireux de se différencier sur le marché global des cosmétiques. Tous ont pour mêmes exigences de privilégier les matières premières naturelles ou biologiques (les proportions varient selon les standards), mais également d'exclure les radiations, les nanoparticules, les OGM, les tests sur animaux et de limiter drastiquement les composés pétrochimiques.

Un marché international en quête d'uniformisation

Mais le foisonnement de logos dans les rayons des grandes surfaces, comme dans ceux des circuits spécialisés, a atteint ses limites. D'une part, les consommateurs réclament une information simple et concise, et d'autre part, la non-reconnaissance des standards d'un pays à l'autre fait obstacle à la globalisation du marché. Or, ce marché des cosmétiques bio et naturels est en plein essor. Il affiche 20% de croissance moyenne en Europe depuis 2008, et atteignait 65% de croissance aux États-Unis en 2010. De fait, une harmonisation des standards offrirait aux industriels des perspectives prometteuses de développement à l'international.

LE RÉFÉRENTIEL COSMOS
La certification Cosmos (pour Cosmetic Organic Standard) présente deux niveaux de qualité : Cosmos Natural et Cosmos Organic. Pour l'un comme pour l'autre, le produit doit contenir un minimum de 95% d'ingrédients d'origine naturelle (autrement dit, non pétrochimique). Pour obtenir la certification Cosmos Organic, le produit doit contenir un minimum de 10% d'ingrédients certifiés AB s'il est du type shampoing ou lotion, et de 20% pour tout autre type de produit (huiles, crèmes, parfums,...). Sachant que l'eau et les minéraux, présents en grande quantité dans les cosmétiques, ne peuvent pas être certifiés AB car ils ne sont pas des produits agricoles. Pour le reste, le référentiel interdit les tests sur animaux, les radiations, les nanomatériaux, les parabens, le PVC, les OGM, encadre le suremballage et les process et impose des critères de traçabilité.

L'année dernière, un groupement européen d'organismes de certification (Ecocert Greenlife, ICEA, BDIH) et d'associations de professionnels (Cosmébio et Soil Accociation) ont donc tenté de répondre à la question en créant une certification commune, baptisée Cosmos (voir encadré). Ce nouveau référentiel européen intègre donc les exigences respectives de tous ses membres fondateurs, de sorte que le logo de Cosmos remplacera progressivement ceux d'Ecocert, BDIH, Cosmébio, ICEA et Soil Association. Valérie Lemaire, Directrice Générale d'Ecocert Greenlife, explique comment s'opère la transition d'une certification à l'autre : « nous avons entamé le processus de certification Cosmos pour chacun des produits Ecocert, ce qui suppose de réexaminer tous les ingrédients, toutes les formules et tous les procédés industriels de ces produits. » Un travail fastidieux qui devrait prendre plusieurs mois. « Les premiers produits certifiés Cosmos seront donc mis sur le marché début 2012. »

Pour autant, la création de Cosmos ne résout que partiellement la question de l’harmonisation des standards. Y compris en Europe : plusieurs industriels allemands et suisses (dont Weleda, un des leader du marché) ont en effet créé leur propre label en 2008, NaTrue. Quant au marché américain, il reste pour l'heure hermétique aux standards européens. Certes, NaTrue a négocié des accords de reconnaissance mutuelle avec l'organisme de certification américain NSF/ANSI. Mais cette alliance fait figure d'exception. Les deux autres standards américains, USDA et Oasis, ne reconnaissent aucune des certifications européennes (et inversement).

La recherche de compromis, un travail de longue haleine

L'enjeu central de l'harmonisation de ces multiples standards réside dans la définition que l'on donne aux terminologies « bio » et « naturel ». En 2009, sous l'impulsion de l'association européenne des industriels du cosmétique conventionnel, l'Espagne a donc proposé à l'ISO, Organisation internationale de normalisation, de déterminer une liste de critères pour définir ces deux terminologies. Un groupe de travail a été crée, auquel participe Ecocert. « Le référentiel Cosmos nous permet de faire du lobbying au sein de ce groupe de travail en faveur d'une normalisation exigeante », explique Valérie Lemaire. « Nous voulons défendre une cosmétique bio et naturelle de qualité, qui valorise le travail des PME du secteur. Par exemple, un produit qui contient à peine 1% d'ingrédients issus de l'agriculture biologique ne doit pas être autorisé à porter la mention Bio. »

Mettre tout le monde d'accord sera un travail de longue haleine. Les fondateurs de Cosmos en savent quelque chose : leurs négociations ont duré dix ans avant d'arriver au consensus général (ce qui avait d'ailleurs poussé les industriels allemands et suisses à abandonner le projet en cours et à fonder NaTrue). De nombreuses questions sont posées. Comment seront définis les calculs de pourcentage de matière biologique ou naturelle ? Quels seront les seuils minimum requis pour obtenir la normalisation « bio » ou « naturel » ? La terminologie « naturel » fera-t-elle la part belle aux produits à base d'herbes, comme le réclament l'Inde, la Corée du Nord ou le Japon ? Dans quelle mesure la « chimie verte » sera-t-elle tolérée dans les process ?... Aucun calendrier n'est encore fixé pour la sortie du cahier des charges de cette future norme ISO

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